Par ce que l’heure est au bilan, après un mois en République Démocratique du Congo…

Un mois, ça passe vite et en même temps cela parait une éternité.

La vie de tous les jours est très prenante et ainsi, les semaines fusent entre les rendez vous, les convois, les négociations avec les autorités, les militaires, les gens qui viennent toujours avec de bonnes raisons vous demander un emploi ou une quelconque aide.

La vie n’est pas rose ici. La population locale souffre de divers maux. La malnutrition, la malaria, le sida, la polio et bien d’autres maladies, mais aussi le manque d’un peu tout, d’argent bien sur, de communication avec le reste du pays, d’information, de reconnaissance du gouvernement.

Bien sur il y a les bonbons, les petites attentions, les mots d’encouragement de tous, ça fait chaud au cœur. Ainsi, les dimanches passent plus vite, et la motivation est toujours aussi forte qu’au premier jour.

Cependant, je culpabilise parfois de n’être pas avec vous, d’avoir fait de la peine à ma chérie et à ma famille particulièrement, de ne pas pouvoir m’assurer que tout va bien pour vous tous.

Parfois, un tel choix altruiste me parait paradoxalement égoïste. Il semble superfétatoire (merci Yannis) de vous annoncer officiellement que mon bonheur naît souvent du plaisir des autres. Les plus pervers d’entre vous, Roland peut être, verrons sans doutes des illustrations libidineuses de cette déclaration, mais je peux vous assurer que je me souviens aujourd’hui encore plus que jamais de tous les bons moments, toutes les expériences, toutes les épreuves fédératives que nous avons vécu. En vrac, les lectures de BD par un père attendri, les retours de l’école accompagné par une maman toujours au petit soin pour moi, les câlins de ma chérie, les premières cuites avec les copains, les balades en foret en montagne, les feuilles de pompes et les petites tricheries aux examens ( « vous avez le droit de tricher, vous n’avez pas le droit de vous faire prendre », m’a dit un jour un professeur lucide), les anniversaires surprises, les « I have a dream », les virées avec les cousins cousines, la tournée du patron, les sports de galériens ou les nouveaux défis, les soirées débats, les jeux de rôles, les réussites professionnelles, les remerciements en tout genre, les voyages et leurs rencontres… C’est difficile de tout citer ici et je m’en voudrai d’oublier des choses, alors j’ai trouver une solution. Stopper ici la lecture de ce petit laïus et faites l’effort de vous souvenir de quelque chose de fort que nous avons vécu ensemble. Allez-y. Non, non, arrêtez vous vraiment, ce n’est pas beau de tricher, surtout que je vous ai pris ! ………

Vous avez quelque chose en tête. Sachez que grâce à la magie de l’Amitié ou de l’Amour qui nous lie, je pense à la même chose en ce moment. Vous avez raison, ça c’était un moment inoubliable. Merci de me l’avoir offert.

Mon expérience en RDC est enrichissante par ses différences avec la vie de tous les jours dans notre microcosme, mais elle est aussi extraordinaire pour construire des choix humains de style de vie. Carpe diem, cueillir le jour présent c’est bien, mais profiter du bonheur partagé avec ceux que tu aimes, c’est encore mieux.

A très bientôt.

Youri

Comments

[Raphaël]

Salut Youri, et bravo pour cette belle envolée lyrique ! Merci aussi de nous faire partager ton expérience et merci de t'être dévoué pour cette année d'actionariat, pour tous ceux, comme moi, qui ont toujours voulu le faire sans jamais y aller. Il faut être courageux, ce n'est pas de l'égoïsme vis à vis des gens qu'on aime même s'ils participent à l'effort.

En tout cas c'est clair que ça fait réfléchir et relativiser sur les valeurs de notre monde, nos petits maux, etc...

Marlène et moi pensons bien à toi. Courage dans tes aventures.

Raphaël