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Youri est au Congo
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20 février 2006

Choléra, dépannage et fret

Nous subissons depuis fin décembre une pandémie de choléra. C’est une des conséquences de la sécheresse qui sévit dans la région des grands lacs. Pas d’eau dans les rivières, alors pas de fonctionnement du barrage hydroélectrique du Burundi, donc pas d’électricité pour alimenter les pompes qui, parfois en temps normal, approvisionnent les grandes villes en eau. Particulièrement à Uvira, l’hôpital général de référence a enregistré 370 cas dont deux décès en janvier et la tendance est similaire pour le mois de février. Notre intendante, Yvette n’a malheureusement pas échappée au fléau. Son enfant, Chance, s’est vidé dans la nuit de mercredi à jeudi. Très déshydraté, il a été conduit à l’hôpital en urgence. Msf, qui est venu spécialement à Uvira pour enrayer ce problème a accueilli cet enfant et l’a directement mis sous perfusions. Son état n’était pas très glorieux car il commençait à perdre connaissance lors de ses phases de vomissement et de diarrhée. Le choléra étant contagieux, particulièrement dans les zones où l’hygiène reste limitée, ses cinq autres enfants ont été placés chez des voisins. Maman Yvette s’occupe ainsi de son petit Chance, dans des normes de protection dictées par Msf. A ce jour, l’enfant semble se trouvé mieux, il a repris un peu de poids et les médecins émettent l’hypothèse d’une sortie prochaine.

Vendredi, nous étions déjà au dixième navire de 2006 en provenance de Tanzanie. Mis à part quelques dizaines d’embourbements sur l’axe difficile de Kazimia, rien à signaler. Pourtant, samedi soir, à Uvira, vers 19 heures, je reçois un message radio m’informant de l’arrêt du convoi qui remontait de Baraka à Uvira. Il est bloqué par un camion privé surchargé qui s’est copieusement planté dans un passage de rivière à gué et donc empêche tout mouvement. Lorsque nous arrivons sur les lieux avec un camion pour tirer, je constate que le châssis est posé sur un rocher et donc les roues tournent dans le vide. Après un essai infructueux pour tirer le dit camion, et malgré l’idée de la responsable Unhcr (qui accompagnait le convoi mais qui s’en est allé) je prend la responsabilité de faire traverser les réfugiés. Il s’agit de ne pas se lancer dans une opération délicate pendant la nuit. Je pense que ce choix est prudent. Heureusement, la plupart ont déjà été déposés dans leurs village, sur cet axe. Seuls restent 17 bénéficiaires. De nuit, on positionne les véhicules pour éclairer la rivière au maximum. Descendus du camion, les retournés, exténués par ce déjà long voyage se présente au bord de l’eau. Nous accompagnons les adultes dans un passage facile, mais les enfants sont plus apeurés et nous les prenons dans nos bras. Un petit garçon s’agrippe aussi fort qu’il le peut à mon cou et je devine qu’il ferme déjà les yeux quand je mets les premiers pieds dans l’eau. Nous sommes déjà de l’autre coté, mais il me tient fermement. De mon côté, fier de sa confiance, je grimpe la petite pente jusqu’au camion de sauvetage et je le soulève une dernière fois pour l’y faire monter. Son sourire est témoin de son soulagement et de sa reconnaissance. Encore une fois, mon moral se nourrit de ces moments intenses. Pour sécuriser les camions restés bloqués de l’autre coté de la berge, nous laissons les assistants chauffeurs passer la nuit. Le responsable sécurité, arrivé entre temps, met la responsabilité des véhicules (et les bagages de réfugiés) sur les militaires présents dans le petit village. D’habitude, ce sont les plus dangereux et les plus voleurs, mais, en les responsabilisant, nous espérons qu’aucun problème ne surviendra. Le retour de nuit se fait sans encombre et sans rencontre fâcheuse. Le centre de transit est déjà la et les réfugiés vont pouvoir se sustenter avant de passer une bonne nuit. Quant à nous, nous retournerons sur les lieux le dimanche matin pour sortir le camion privé de cette situation. Le t-shirt Mediaco n’a pas beaucoup de signification ici, mais le savoir faire est le même. Après moultes vérinages et calages, nous surélevons le châssis pour le libérer du rocher. Tirer par nos camions, il sort, trois heures après le début de la manutention. Remerciement et retour à la base pour un dimanche après-midi de farniente.

Pour finir le week-end, un de nos chauffeurs que j’avais envoyé à Goma (Nord Kivu) pour réceptionner le fret arrive à la maison. A priori tout est là, il s’agit du fret contenant, entre autre, les microscopes et le matériel pour l’école. Je pense à tous ceux qui ont participé à ce projet et j’imagine déjà les sourires des enfants et professeurs qui vont recevoir cette aide.

Cela fera bien entendu l’objet d’un prochain message.

La vie est faite de hauts et de bas. Ici, l’écart est très important. Ce blog sert à se souvenir des moments les plus forts, pour ne garder de cette expérience que le meilleur.

A bientôt.

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Commentaires
C
SALUT MON COUS, J'ESPERE QUE TU VAS BIEN MALGRE LES RAVAGES DU CHOLERA ! CHACUN SA PANDEMIE: NOUS C'EST LA GRIPPE AVIAIRE QUI SEVIT DANS LA REGION.ENFIN DANS QUELQUES TEMPS JE VAIS TE REVOIR ET CA VA FAIRE DU BIEN. GROS BISOUS. TA COUS CAROLE.
E
Tu vas revenir enrichi de bien des expériences... Appauvri en kilos certes! (ils seront bien vite repris avec les petits plats qui t'attendent!).<br /> Heureux d'apprendre que le matériel pour l'école est bien arrivé. On a hâte de lire les réactions que tu observeras!<br /> Bises
C
Je ne savais pas que l'émotion pouvait transformer un homme en mille pattes lorsqu'il les met dans l'eau. Une baguette magique eue été la bienvenue pout transformer le tee shirt en 60T<br /> grosses bises de tous
M
J'espère que le petit Chance va beaucoup mieux et que sa maman souffle un peu. En France on ne parle que de la grippe aviaire,mais on oublie de parler de ces maladies ;choléra ,peste etc..qui restent un fléau pour beaucoup de pays. Donne nous des nouvelles du colis que vous avez reçu.A t-il fait des heureux? Bisous Maman
T
Le sourire de l'enfant que tu a passé a gué, restera longtemps dans ton coeur. Ce Bonheur est le prix de 11 mois.Est-ce cher payé ?
Youri est au Congo
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